Jérôme Blin, issu du monde paysan, a travaillé quelques années dans le milieu industriel, avant de devenir photographe. Il est co-fondateur du collectif de photographes bellavieza, qui oeuvre sur Nantes et sa région depuis 2008. Son travail photographique se développe autour de deux univers qui parfois se rencontrent. Dans le quotidien et l’intimité de la cellule familiale, ses photographies interrogent la notion de filiation et sont des reflets sensibles pour chacun. Il aime à mettre en scène et valoriser les "héros ordinaires", il parvient à faire émerger de ces personnes au quotidien « quelconque », une poésie et une singularité forte. Après avoir rendu hommage au monde rural, par son regard délicat et sensible, en photographiant ses parents, ses grands-parents et sa famille en général, il a effectué plusieurs séjours en Chine, au Québec, au Togo, au Sahara Occidental, qui furent l'occasion d'autres explorations photographiques. Depuis peu, il revient travailler en milieu rural ou dans ces zones péri-urbaines, « ces non-zones » aux abords des grandes métropoles, pour y construire des histoires sensibles peuplées de sa propre histoire, des rencontres qu’il y fait. Sa photographie, alors, navigue entre réel et fiction. Le doux parfum de l'ennui ressort de ces adolescents que l'on croise, ses tableaux révèlent une certaine mélancolie, et de certaines images ou suite d'images, se dégage une tension liée aux lieux, aux objets qui construisent le récit. Sa série Les adolescents a reçu le prix du jury des Zooms 2013, a été projetée aux Rencontres d’Arles 2014 et a été exposée à au Japon.
Les adolescents Depuis trois ans, Jérôme Blin du collectif bellavieza s’attache à suivre des adolescents autour de Nantes. De ses images, émane le doux parfum de l’ennui qui colle à la peau de ces jeunes sans histoire vivant dans des banlieues et des campagnes sans histoire. On y sent les journées interminables à cloper, à errer dans les rues bordées de pavillons déprimants ou dans les bars qui ressassent la même musique. Ce travail a été commencé en résidence à Blain, poursuivi en résidence à la maison des arts de Saint Herblain. Photographier l’ordinaire des ados, sans signe extérieur photogénique, dans des décors dépersonnalisés, en France, et non dans un pays exotique où le droit à l’image n’existe pas, témoigne d’une ambition originale. Stéphane Brasca - Magazine De l’air